Avantages sociaux pour les tueurs de Polonais et de Juifs

Jean-Jacques Marie

Le Monde des 9-10 et 11 mai 2015 publie un long article de Benoît Vitkine intitulé « Ukraine : le 8 mai réveille les fantômes de l’Histoire », illustré par une photographie de Iouri Choukhevytch, le fils du fondateur de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). L’article précise : « De l’Union soviétique Iouri Choukhevytch connaît une chose : les camps et les prisons. De sa première incarcération en 1946 à l’âge de 14 ans à la dislocation de l’empire soviétique en 1991, il aura passé trente et un ans enfermé, payant pour un crime unique : son nom. Le père de Iouri, Roman Choukhevytch (1907-1950) fut le chef de l’organisation des nationalistes ukrainiens (l’OUN) et le fondateur de son bras armé, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) », qui, précisons-le, se battit d’abord plus contre l’armée rouge que contre la Wehrmacht avant de se battre également contre les deux lorsque les atrocités allemandes dressèrent la paysannerie ukrainienne contre les nazis.

Benoît Vitkine précise d’ailleurs : « Les deux groupes furent les bêtes noires du régime soviétique qu’ils combattirent jusque dans les années 50. Avant cela, ils n’avaient pas hésité à s’allier avec l’Allemagne nazie, qui leur promettait un Etat – (affirmation douteuse : Hitler ne leur avait pas promis grand chose et ne voulait pas d’un état ukrainien !) – et à intégrer les bataillons de l’armée allemande ou de la SS, avant de se retourner contre elle lorsque cette promesse s’évanouit. Durant cette période sanglante les nationalistes ukrainiens ont commis d’importants massacres de Polonais, comme en Volhynie (80 000 civils tués) tout en contribuant largement au génocide des juifs ».

Des nationalistes très démocratiques on le voit car ce qu’écrit Vitkine est vrai. Iouri Choukhevytch est certes une victime d’une coutume stalinienne typique : la femme, le fils, le frère, la soeur voire le cousin d’un « ennemi » paye pour le dit ennemi. Il a payé très cher pour son « crime » unique, celui d’être le fils de son père, abattu par le NKVD le 5 mars 1950… bien que Staline avec son hypocrisie habituelle ait un jour déclaré : « Le fils n’a pas à répondre pour le père ».

Cela dit… que dit aujourd’hui Iouri Choukhevitch, député du parti radical ukrainien depuis octobre 2014 ? D’après Le Monde il affirme : « N’importe quel peuple privé de son indépendance aurait collaboré peu importe avec qui. » Donc pour lui la collaboration avec les nazis qui avaient brûlé des centaines de villages en Biélorussie et massacraient et déportaient à tour de bras en Ukraine est une chose tout à fait acceptable. Et il ajoute : « En Occident on parle beaucoup des crimes de Hitler, moins de ceux de Staline. » Vitkine ajoute « Cette vision de l’histoire est en passe de s’imposer en Ukraine. » Et Choukhevitch-fils y contribue fortement. Il a participé à l’écriture d’une loi mémorielle, « un texte garantissant l’honneur et la mémoire, ainsi qu’un certain nombre d’avantages sociaux aux combattants pour l’indépendance de l’Ukraine au XXe siècle »… dont l’UPA et l’OUN, collaborateurs des nazis et massacreurs de Polonais et de juifs…

« Nous avons multiplié par six les tarifs des services communaux »

Ces honneurs attribués aux anciens collaborateurs – parfois rétifs certes – des nazis s’accompagnent de mesures sociales et politiques très brutales. Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk dans une interview au Monde du 13 mai 2015 affirme : « L’Ukraine est un gilet pare-balles pour l’UE », et détaille avec satisfaction les mesures que son gouvernement a prises pour satisfaire cette même Union européenne :

« Nous avons renvoyé, l’année dernière 10% des fonctionnaires et nous allons en renvoyer 20% cette année. Nous avons gelé les salaires et les retraites. Nous avons multiplié par six les tarifs des services communaux. Nous avons largement dérégulé notre économie. »

Ce traitement à la grecque est mené tambour battant par le gouvernement Porochenko-Iatseniouk, docile domestique de l’Union européenne et des Etats-Unis, avec la bénédiction de tous les gouvernements de tous les pays de l’Union européenne quelle que soit la couleur politique affichée de leur gouvernement.

Ces mesures suscitent une résistance croissante à laquelle le gouvernement répond par une véritable chasse aux sorcières contre ceux qui s’y opposent. Le document publié ci-après en donne une idée.