Le dalaï·lama et la psychanalyste

4ème tr 2008

Le Monde 2, daté du 3 au 9 mai 2008, consacre un dossier au Tibet et à la Chine. Il reproduit un article de l’écrivain et psychanalyste Maryse Choisy publié dans Le Monde en date des 23-24 août 1970.

Evoquant la fuite du dalaï-lama et de sa suite en mars 1959, elle écrit sous le sous-titre « Exode miraculeux » les lignes suivantes : « Le mot « surnaturel » me vient aux lèvres. Personne n’a remarqué ce fait insolite en plein XXéme siècle. A la barbe des troupes d’occupation, Sa Sainteté, sa mère, ses sœurs, son petit frère, ses ministres et toute sa suite ont quitté Lhassa (en mars 1959). Malgré les avions chinois, cette colonne de trois cents personnes, qui ne sauraient passer inaperçues pendant un mois de marche à travers les cols neigeux des Himalayas, a pu franchir la frontière. On songe à la nuée qui protégeait Moïse et le Peuple élu quand ils s’enfuirent d’Egypte ».

Après cette évocation d’une protection surnaturelle qui laisse rêveur sur les compétences de l’auteur dans le domaine de la psychanalyse, elle donne la parole au dalaï-lama, qui commence par confirmer le délire de la psychanalyste avant de noyer quelque peu ses propos dans un verbiage confus à souhait : « Vous voulez savoir, demande le dalaï-lama, si religieusement la chose est possible. Oui, le religieux a des effets. Ni les hélicoptères ni les radars ne nous ont détectés. Je suppose que beaucoup de gens appelleraient mon exode un miracle » .

« Ce qui à l’œil profond paraît surnaturel est, au niveau supérieur, naturel ? « , renchérit la psychanalyste en folie. A quoi le dalaï-lama, de sens plus rassis, répond : « C’est cela. Même dans la nature, il y a de nombreuses profondeurs et de nombreuses altitudes. Les ignorants ne saisissent pas la cause naturelle plus profonde ni son effet naturel plus subtil. Différence de niveau et différence de connaissance. »