Quelques réflexions à propos de votre article « Paul Eluard, J’écris ton nom », paru dans Seine-Saint Denis n°113 (Novembre-Décembre 2022).
Qualifiant Eluard de trésor « du patrimoine littéraire », vous y allez vraiment très fort. Trésor du patrimoine patriotique me paraît plus adéquat. A ce propos je vous recommande plutôt le livre Pamphlet de Benjamin Péret (qui, lui, a combattu durant la guerre d’Espagne en 1936) le Déshonneur des Poètes paru en 1945 à Mexico. Péret, poète et militant révolutionnaire a écrit : « Paul Eluard qui de tous les auteurs de cette brochure (L’Honneur des Poètes), seul fut poète, à qui l’on doit la litanie civique la plus achevée ».
Vous écrivez ensuite « Le poète de l’Amour et du Surréalisme ». Certes de 1924 à 1938 Eluard a été surréaliste, mais après être passé par une litanie de « résistance », il s’est (ses « poèmes politiques » étant déjà dans le genre débile) révélé, avec son « poème » Joseph Staline paru dans l’Humanité du 8/12/1949, le lamentable scribouillard stalinien.
En apothéose, si l’on peut parler ainsi, son refus d’intervenir pour sauver Zavis Kalandra, (procès stalinien de Prague) de la mort en 1950 malgré la demande de son ancien ami et camarade André Breton (lettre du 13/06/1950). Comme on le sait, Eluard a répondu qu’il avait « trop à faire avec les innocents qui clament leur innocence pour (s’) occuper des coupables qui clament leur culpabilité ».
Kalandra qui avait pourtant noué des liens d’amitié et de compréhension envers Breton et Eluard lors de leur séjour à Prague à l’invitation des surréalistes tchèques en 1935, et dont Breton dans la même lettre rappelle « cette assistance, cette générosité fut alors pour nous d’un immense prix ».
Vous publiez une photo prise à cette occasion où l’on voit en dehors d’Eluard et de Nusch, deux surréalistes tchèques Nezval et Toyen. Nezval qui a écrit Rue Git-Le-Cœur, livre émouvant et passionnant, a préféré après son voyage à Paris en 1935 pour participer au « Congrès International des Ecrivains pour la Défense de la Culture » en accord de pensée et d’action avec André Breton, s’en détacher en 1938 pour devenir stalinien.
Eluard, devenu poète officiel du PCF se rend à Prague en 1946, rend visite à la peintre Toyen (dont il « avait été un de ses meilleurs amis parmi les surréalistes »), a cette réponse rapportée par Toyen au poète Radovan Ivsik :
Eluard : « Breton c’est fini, il faut choisir entre lui et moi »
Toyen : « C’est tout choisi »
Eluard : « Alors je ferai tout pour vous casser! »
Voilà qui éclaire mieux le personnage dont vous louez l’œuvre.
Aragon (dont Eluard a condamné l’abandon du surréalisme en 1932 pour aller sombrer dans le stalinisme), Nezval, Tzara, Eluard, tous ont passé avec armes et bagages au stalinisme.
C’est Léon Trotsky qui a qualifié ce dernier de syphilis du mouvement ouvrier mais celui-ci a contaminé également des intellectuels novateurs en poésie.
Pour terminer cette lettre, je vous recommande vivement de lire, entre autres ouvrages :
Benjamin Péret : Le Déshonneur des Poètes
André Breton : Entretiens, La Clé des Champs
Jean-Louis Bédouin : Vingt ans de surréalisme 1939-1959 (où figure le « Poème » d’Eluard sur Staline)
Viteslav Nezval : Rue Git-le-Cœur
Radovan Ivsic : Cascades
J’irai certainement voir l’exposition Eluard-Picasso car ils ont été jadis des novateurs.
Le 20 avril 1963, Julian Grimau, membre du comité central du Parti communiste espagnol, était fusillé à Madrid à l’issue d’un procès expéditif, après son arrestation quelques mois auparavant par la Brigade politico-sociale franquiste et après avoir été torturé dans les locaux de la Direction générale de sécurité. Tous les partis communistes du monde et compagnons de route avaient lancé une intense campagne de protestation pour tenter de sauver celui qui allait devenir leur martyr. On connaît beaucoup moins, en revanche, ce que fut le rôle de Julian Grimau durant la guerre civile d’Espagne. C’est ce que rappelait ce texte d’Agustín Guillamón de mai 2019 que le site de langue espagnole « Ser histórico » vient de republier.
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L’assassinat Le 10 février 1938, à Barcelone, vers dix heures du soir, un jeune homme d’une vingtaine d’années, vêtu de l’uniforme d’un capitaine de l’armée, venait d’allumer une cigarette. Il avait un rendez-vous. C’était une froide journée d’hiver. L’endroit était solitaire et morne, les maisons les plus proches se trouvaient à quelque cinq cents mètres de là. Il attendait dans la rue Legalidad, dans une zone non habitée et non urbanisée, près de la maison connue sous le nom de Can Compte. C’était une rue bordée de deux fossés qui la distinguaient à peine des vergers environnants. Les deux hommes avec lesquels il avait rendez-vous s’approchèrent. En réponse à son salut, le plus proche, sur sa gauche, lui tira dessus, à une distance d’un demi-mètre. La balle traversa le menton à gauche de la bouche, en suivant une trajectoire de bas en haut et de gauche à droite, brisant deux dents, une partie du palais et s’enfonçant dans le crâne, sans orifice de sortie. Le deuxième homme s’assura de sa mort en tirant deux fois dans la tête du capitaine, allongé sur le sol. Un peu de cervelle jaillit du crâne fracassé par les trois balles. Une grande flaque de sang entoura le cadavre, dessinant la silhouette du corps. Au sol, tout près, on trouvait une cigarette, une casquette militaire et deux douilles de balles de calibre 9 millimètres, courtes.
Leon Narwicz, avant et après son assassinat.
Vers 23 heures, Jaime Planella, veilleur de nuit dans le quartier, découvrit le corps d’un homme en uniforme, allongé perpendiculairement au sens de la rue. Il téléphona au commissariat. Lorsque la police et le juge de garde arrivèrent sur les lieux de l’assassinat, le corps fut fouillé et, d’après les documents trouvés, la victime fut identifiée comme étant Leon Narwick, ou peut-être Narwicz ou Narwich, la dernière lettre du nom de famille étant douteuse et totalement étrangère à la graphie espagnole. Il était capitaine dans les Brigades internationales, 1ère compagnie, 4e bataillon, 13e brigade, 45e division de l’armée de l’Est. Le 14 février, le corps de Leon Narwicz fut enterré dans la fosse commune du cimetière du Sud-Ouest de Barcelone. Le 26 mars 1938, le délégué des Brigades internationales, le capitaine Jesús Prados Arrarte, se présenta au tribunal, à la demande du juge, pour répondre à ses questions. Il déclara orgueilleusement que le capitaine Leon Narwicz était de nationalité polonaise, qu’il avait été volontaire dans les Brigades internationales et qu’il travaillait alors au Service d’investigation militaire (SIM) des Brigades internationales. Le prénom Leon en polonais n’a pas d’accent. Il identifia Narwicz à partir des photos qui lui furent montrées. Le capitaine Prados exigea que Kurt Laube, chef du SIM et de la délégation des Brigades internationales à Barcelone, soit autorisé à emporter les papiers et les effets personnels du défunt, qui lui furent finalement remis le 12 avril. Le reçu signé par le chef du SIM de Barcelone détaillait les objets appartenant au défunt : plusieurs photographies, un peu plus de deux cents pesetas, un stylo-plume noir, une montre-bracelet blanche, un briquet, un peigne, un porte-cartes avec des tickets de métro, un mouchoir sans initiales et, bien que cela ne soit pas détaillé dans le reçu, cinq feuilles d’inscription numérotées du Secours rouge du POUM (1), ainsi que ses papiers personnels et un répertoire avec des adresses. Dans le carnet d’adresses de Narwicz figurait celle de Munis, dirigeant de la Section bolchevique-léniniste d’Espagne (SBLE). Le commissaire général ordonna l’installation d’un service de surveillance du quatrième étage de la maison au numéro 308, rue Valencia, dans le but d’arrêter Munis et ses éventuels complices ou collaborateurs. Le commissaire général suivait les instructions de Julián Grimau García. Grimau était au courant de l’opération du SIM, préparée par deux de ses agents, le capitaine Narwicz assassiné et un autre, connu sous le nom de Marx ou Joan. Tous deux travaillaient sur la tentative de la police politique soviétique d’infiltrer les rangs des bolcheviks-léninistes. Le 13 février 1938, à 13 heures, les policiers Antonio Martínez, José del Olmo, Francisco Llobet et Manuel Dayán, à la tête d’un important dispositif policier, se présentèrent au domicile de Munis pour l’arrêter. Avant d’entrer dans la maison, ils avaient déjà arrêté Jaime Fernández Rodríguez et Luis Zanon qui s’apprêtaient à rendre visite à Munis. Lors de la tentative d’arrestation de Munis, celui-ci se jeta sur l’officier Francisco Llobet, lui arrachant son pistolet. Une situation confuse et dangereuse s’ensuivit, qui fut résolue lorsque Munis, entendant l’avertissement que lui lança son ami Jaime comme quoi la maison était cernée par un énorme déploiement policier, abandonna toute résistance et rendit le pistolet. Munis, Jaime Fernández et Zanon ainsi que d’autres militants du SBLE emprisonnés par la suite – l’Italien « Adolfo Carlini » (Domenico Sedran), le Danois Aage Kielso (qui parvint à s’évader), le Tchèque Víctor Ondik et Teodoro Sanz – furent détenus pendant un mois dans la prison clandestine du SIM au sous-sol de la place Berenguer, siège de la Brigade criminelle, soumis à toutes sortes de tortures par une équipe d’agents du SIM, dirigée par Julián Grimau : coups, simulacres d’exécution, cheveux arrachés à la racine avec des tenailles, plusieurs jours sans nourriture ni eau, au point d’être contraints de boire leur propre urine, etc.
Page du rapport d’enquête sur l’assassinat de Leon Narwicz.
Les détenus dormaient à la préfecture de police, rue Layetana, et étaient transférés quotidiennement dans une fourgonnette jusqu’à la place Berenguer, lieu des interrogatoires. Les deux endroits étaient distants d’une centaine de mètres. Zanon qui avait été séparé du reste du groupe, fut le seul à dormir dans les locaux de la Brigade criminelle. Il s’effondra psychologiquement, absolument terrifié. Grimau fit signer à Zanon une « confession » accusant ses camarades de l’assassinat de Narwicz. Il se rétracta ensuite, dès qu’il intégra la prison Modelo de Barcelone. Leon Narwicz, avant les journées de mai (2), s’était présenté comme un sympathisant de l’opposition russe, gagnant la confiance de Nin, Gorkin, Landau et Andrade (3). Avec son appareil photo, il avait fait le tour des différents locaux du POUM. Le groupe d’action du POUM qui avait tué le capitaine Narwicz était composé d’Albert Masó March et de Lluís Puig. Aucun d’eux ne fut arrêté. Avec la mort de cet agent polonais du SIM, le POUM voulait venger l’assassinat de Nin et le déchaînement répressif exercé contre ce parti depuis le 16 juin 1937. Les photos de Narwicz avaient joué un rôle irremplaçable dans l’identification et l’arrestation par la police des dirigeants et militants du POUM. Puig mourut de la tuberculose à la prison de la Santé à Paris en 1939. Masó fut un militant éminent de Socialisme ou Barbarie et, pendant la Transition (4), il participa à la tentative avortée de reconstruction du POUM. Munis, auteur d’ouvrages remarquables sur la théorie marxiste, fonda en 1958 avec le poète surréaliste Benjamin Péret un groupe révolutionnaire (Fomento Obrero Revolucionario) dans lequel milita également Jaime Fernández. Le tortionnaire Julián Grimau, militant du PCE, a été arrêté, interrogé, torturé, jugé, condamné et fusillé à Madrid en 1963. Le régime fasciste en a fait un martyr antifranquiste. Tous ont un point de référence commun : l’assassinat de Leon Narwicz, agent de la police politique soviétique et du SIM, rue Legalidad, le 10 février 1938, il y a maintenant quatre-vingt-un ans.
Penser le « cas Narwicz » Pourquoi le cas Narwicz est-il important ? Qu’apporte-t-il à l’historiographie et comment comprendre un assassinat commis il y a quatre-vingt-un ans ? Le cas Narwicz est important car nous savons qu’il était un agent du NKVD avant mai 1937 et qu’à ce titre il a su gagner la confiance des dirigeants du POUM et obtenir des photographies de ses dirigeants, qui ont ensuite servi à leur identification et à leur détention. Nous savons que Leon Narwicz et Lothar Marx tentèrent d’infiltrer le SBLE. On sait que Léon Narwicz obtint un rendez-vous avec les militants du POUM, qui vivaient déjà dans la clandestinité, dans le but d’obtenir des preuves dans le procès en cours contre leurs dirigeants, et de démanteler l’organisation clandestine de ce parti. Ce rendez-vous lui fut fatal, car le POUM connaissait alors le rôle joué par Narwicz avant mai 1937. C’est pourquoi il fut exécuté par le commando avec qui il avait rendez-vous. Lorsque le chef du SIM de Barcelone identifia son cadavre, il certifia son appartenance au SIM et emporta des documents compromettants pouvant impliquer l’autre agent infiltré : Lothar Marx. Par conséquent, le capitaine polonais des Brigades internationales Leon Narwicz est la preuve évidente qu’un agent du NKVD avant mai 1937 était en février 1938 un agent du SIM. Ce fait irréfutable, certifié par de la documentation, a certaines conséquences : Premièrement : le SIM était la version espagnole du NKVD. Deuxièmement : le NKVD et le SIM partageaient des agents et des informations. Troisièmement : les deux certitudes précédentes nous permettent d’émettre l’hypothèse que le SIM était totalement subordonné au NKVD.
L’assassinat du capitaine Narwicz par un groupe d’action du POUM rompt avec l’image victimaire du POUM que ce parti a toujours voulu présenter, pas toujours sans raison. Et l’image émerge d’un POUM qui, parfois, a su répondre justement au harcèlement répressif des staliniens, car après tout le POUM était un parti marxiste et non une association pacifiste. Lluís Puig et Albert Masó formèrent le commando du POUM qui assassina le capitaine Leon Narwicz, pour se venger de la disparition de Nin, de la dissolution du POUM, de la persécution, de l’assassinat et/ou de l’arrestation de ses militants, et du procès de Moscou contre ses dirigeants. Par ailleurs, le fait que ce soit Julián Grimau qui ait été chargé de l’interrogatoire et de la torture des personnes accusées du meurtre du capitaine Narwicz n’est pas un pur hasard, mais démontre l’intérêt des Soviétiques à venger l’assassinat de leur agent. Cet assassinat fut faussement attribué aux militants de la Section bolchevique-léniniste d’Espagne, car ainsi ils éliminaient ce groupe politique trotskiste. Grimau était à l’époque « l’œil de Moscou » à Barcelone. Un Grimau tortionnaire, comme le montrent clairement les procès-verbaux des interrogatoires signés par lui. Un Grimau tortionnaire, comme en témoignent les trotskistes qu’il a martyrisés, comme le raconte Domenico Sedran (« Adolfo Carlini ») dans ses Mémoires, comme le décrit Zanon, alors libéré de la peur des tortures, depuis la prison Modelo. Grimau, le tortionnaire torturé par la police franquiste, en 1963. Grimau, le tortionnaire fusillé par le régime fasciste de Franco, qui en a fait par là même un martyr antifranquiste. Grimau eut-il à choisir entre l’exclusion du parti et le martyre ? Curieusement, une personnalité politique de premier plan et un bureaucrate rusé du PCE, Santiago Carrillo, gagnait quelle que soit l’option. Paradoxes de l’histoire : l’arroseur arrosé.
(1) POUM : Parti ouvrier d’unification marxiste, né d’une scission du Parti communiste espagnol, anti-stalinien et par là même cible permanente des staliniens.
(2) Les journées de mai 1937 désignent, pour aller vite, les journées d’affrontements, en Catalogne, entre les staliniens du Parti communiste espagnol, d’un côté, et les anarchistes de la CNT-FAI et militants du POUM de l’autre.
(3) Tous dirigeants du POUM.
(4) On appelle Transition, ou Transition démocratique, la période située entre la fin du franquisme et l’établissement de la démocratie parlementaire en Espagne.
« Les communistes font leur le programme fasciste de 1919 qui est un programme de liberté. (…) Peuple italien ! Fascistes de la vieille garde ! Jeunes fascistes ! Nous les communistes nous faisons nôtre le programme fasciste de 1919, qui est un programme de paix, de liberté, de défense des intérêts des travailleurs et nous vous disons : luttons tous unis pour la réalisation de ce programme. (…) Fascistes de la vieille garde ! Jeunes fascistes ! Nous proclamons que nous sommes disposés à combattre à vos côtés, avec tout le peuple italien pour la réalisation du programme fasciste de 1919!»
De qui et de quand sont donc ces lignes, rarement évoquées par les historiens – sans parler des derniers folliculaires balbutiants et besogneux héritiers du Guépéou – ; elles datent du début d’août 1936, sept semaines après le soulèvement franquiste en Espagne, applaudi par les fascistes italiens, et une semaine avant l’ouverture du premier procès de Moscou, où seront condamnés à mort le premier président de l’Internationale communiste, Grigori Zinoviev et plusieurs autres anciens dirigeants bolcheviks. Elles ont été publiées dans la revue du Parti communiste italien « Lo Stato Operaio » (n° 8, août 1936), fondée en 1923 et publiée en exil à Paris, de 1927 à 1939, puis à New York sous la direction de deux dirigeants du Parti communiste italien, (PCI) Giuseppe Berti et Ambrogio Donini. Son premier signataire est son secrétaire Palmiro Togliatti, membre du secrétariat de l’Internationale communiste, alors émigré à Moscou et chargé, avec Dimitri Manouilski, de sa Commission italienne. Parmi la cinquantaine de signataires du PCI figurent Luigi Longo, successeur de Togliatti au poste de secrétaire général du PCI de 1964 à 1972 et Vittorio Vidali, futur commandant Carlos en Espagne, accusé d’être l’assassin du dirigeant du POUM, Andreu Nin, puis de l’anarchiste italien Carlo Tresca.
Notons à l’intention de ceux qui seraient tentés de voir dans l’appel du 8 août 1936 une initiative isolée de quelques dirigeants communistes égarés que, peu avant, lors de la réunion de cette Commission du Secrétariat latin de l’Internationale communiste tenue du 26 au 31 décembre 1935 ce même Manouilski avait déclaré : « le problème du front unique en Italie est le problème du front unique avec les fascistes. Vous devez adopter cette ligne politique claire » [1]. Comme on dit en italien « piu chiaro di cosi » (On ne peut pas être plus clair).
Cet appel de 1936, publié trois mois après la proclamation par Mussolini, le 8 mai, de la Fondation de l’Empire italien, qui couronne la conquête de l’Ethiopie, jette une vive lumière sur la longue série de procès, publics ou à huis clos, qui accuseront de vieux communistes – mais aucun des signataires de ces lignes – de liens avec les services de renseignements d’un nombre variable de pays étrangers.
Nous invitons tous ceux qui voudraient lire le long texte d’où ces lignes sont extraites à consulter le numéro 4 des Cahiers du mouvement ouvrier (p. 106-116) sur le site de la revue : cahiersdumouvementouvrier.org.[2]
[1] Mikhaïl Narinsky, Jürgen Rojahn : Center and periphery. The History of the Comintern in the light of new documents 1996, p. 183.
[2] La perfection n’étant pas de ce monde (ni de l’autre d’ailleurs) …le traducteur a omis de traduire le titre de l’appel, qui, quoique peu éclairant sur son contenu, doit être rétabli. Le voici donc : « Pour le salut de l’Italie. Réconciliation du peuple italien ».
Une du journal du Parti Communiste d’Italie « L’Unità » de 1936 appelant à l’union avec les fascistes « authentiques » avec en exergue, s’il vous plaît, une phrase extraite d’un article écrit en avril 1920 par Benito Mussolini lui-même qui dit : « Le paysanveut la terre et il doit avoir sa terre à lui » (petit rappel : 1936 c’est un an après l’agression colonialiste de l’Italie contre l’Ethiopie).Une du journal du Parti Communiste d’Italie « L’Unità » de 1936 toujours avec en exergue un extrait d’un article de Mussolini de juin 1919 sur le fait que c’est aux riches de payer les frais entraînés par la guerre et un vibrant appel à « l’union fraternelle » du peuple italien qui seule pourra lui permettre de « satisfaire ses aspirations » (lesquelles en 1936 ? serait-on tenté de demander) et de rendre » fort, libre et heureux notre pays » (bref les mêmes slogans que ceux que le Régime fasciste affichait partout en gigantesques lettres capitales!)