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Comment la révolution s’est armée de Léon Trotsky

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Leon Narwicz et Julian Grimau

Agustín Guillamón

Le 20 avril 1963, Julian Grimau, membre du comité central du Parti communiste espagnol, était fusillé à Madrid à l’issue d’un procès expéditif, après son arrestation quelques mois auparavant par la Brigade politico-sociale franquiste et après avoir été torturé dans les locaux de la Direction générale de sécurité. Tous les partis communistes du monde et compagnons de route avaient lancé une intense campagne de protestation pour tenter de sauver celui qui allait devenir leur martyr.
On connaît beaucoup moins, en revanche, ce que fut le rôle de Julian Grimau durant la guerre civile d’Espagne. C’est ce que rappelait ce texte d’Agustín Guillamón de mai 2019 que le site de langue espagnole « Ser histórico » vient de republier.

_______________

L’assassinat
Le 10 février 1938, à Barcelone, vers dix heures du soir, un jeune homme d’une vingtaine d’années, vêtu de l’uniforme d’un capitaine de l’armée, venait d’allumer une cigarette. Il avait un rendez-vous. C’était une froide journée d’hiver. L’endroit était solitaire et morne, les maisons les plus proches se trouvaient à quelque cinq cents mètres de là. Il attendait dans la rue Legalidad, dans une zone non habitée et non urbanisée, près de la maison connue sous le nom de Can Compte. C’était une rue bordée de deux fossés qui la distinguaient à peine des vergers environnants. Les deux hommes avec lesquels il avait rendez-vous s’approchèrent. En réponse à son salut, le plus proche, sur sa gauche, lui tira dessus, à une distance d’un demi-mètre. La balle traversa le menton à gauche de la bouche, en suivant une trajectoire de bas en haut et de gauche à droite, brisant deux dents, une partie du palais et s’enfonçant dans le crâne, sans orifice de sortie. Le deuxième homme s’assura de sa mort en tirant deux fois dans la tête du capitaine, allongé sur le sol. Un peu de cervelle jaillit du crâne fracassé par les trois balles. Une grande flaque de sang entoura le cadavre, dessinant la silhouette du corps. Au sol, tout près, on trouvait une cigarette, une casquette militaire et deux douilles de balles de calibre 9 millimètres, courtes.

Leon Narwicz, avant et après son assassinat.

Vers 23 heures, Jaime Planella, veilleur de nuit dans le quartier, découvrit le corps d’un homme en uniforme, allongé perpendiculairement au sens de la rue. Il téléphona au commissariat. Lorsque la police et le juge de garde arrivèrent sur les lieux de l’assassinat, le corps fut fouillé et, d’après les documents trouvés, la victime fut identifiée comme étant Leon Narwick, ou peut-être Narwicz ou Narwich, la dernière lettre du nom de famille étant douteuse et totalement étrangère à la graphie espagnole. Il était capitaine dans les Brigades internationales, 1ère compagnie, 4e bataillon, 13e brigade, 45e division de l’armée de l’Est. Le 14 février, le corps de Leon Narwicz fut enterré dans la fosse commune du cimetière du Sud-Ouest de Barcelone.
Le 26 mars 1938, le délégué des Brigades internationales, le capitaine Jesús Prados Arrarte, se présenta au tribunal, à la demande du juge, pour répondre à ses questions. Il déclara orgueilleusement que le capitaine Leon Narwicz était de nationalité polonaise, qu’il avait été volontaire dans les Brigades internationales et qu’il travaillait alors au Service d’investigation militaire (SIM) des Brigades internationales. Le prénom Leon en polonais n’a pas d’accent. Il identifia Narwicz à partir des photos qui lui furent montrées. Le capitaine Prados exigea que Kurt Laube, chef du SIM et de la délégation des Brigades internationales à Barcelone, soit autorisé à emporter les papiers et les effets personnels du défunt, qui lui furent finalement remis le 12 avril. Le reçu signé par le chef du SIM de Barcelone détaillait les objets appartenant au défunt : plusieurs photographies, un peu plus de deux cents pesetas, un stylo-plume noir, une montre-bracelet blanche, un briquet, un peigne, un porte-cartes avec des tickets de métro, un mouchoir sans initiales et, bien que cela ne soit pas détaillé dans le reçu, cinq feuilles d’inscription numérotées du Secours rouge du POUM (1), ainsi que ses papiers personnels et un répertoire avec des adresses.
Dans le carnet d’adresses de Narwicz figurait celle de Munis, dirigeant de la Section bolchevique-léniniste d’Espagne (SBLE). Le commissaire général ordonna l’installation d’un service de surveillance du quatrième étage de la maison au numéro 308, rue Valencia, dans le but d’arrêter Munis et ses éventuels complices ou collaborateurs. Le commissaire général suivait les instructions de Julián Grimau García. Grimau était au courant de l’opération du SIM, préparée par deux de ses agents, le capitaine Narwicz assassiné et un autre, connu sous le nom de Marx ou Joan. Tous deux travaillaient sur la tentative de la police politique soviétique d’infiltrer les rangs des bolcheviks-léninistes.
Le 13 février 1938, à 13 heures, les policiers Antonio Martínez, José del Olmo, Francisco Llobet et Manuel Dayán, à la tête d’un important dispositif policier, se présentèrent au domicile de Munis pour l’arrêter. Avant d’entrer dans la maison, ils avaient déjà arrêté Jaime Fernández Rodríguez et Luis Zanon qui s’apprêtaient à rendre visite à Munis. Lors de la tentative d’arrestation de Munis, celui-ci se jeta sur l’officier Francisco Llobet, lui arrachant son pistolet. Une situation confuse et dangereuse s’ensuivit, qui fut résolue lorsque Munis, entendant l’avertissement que lui lança son ami Jaime comme quoi la maison était cernée par un énorme déploiement policier, abandonna toute résistance et rendit le pistolet.
Munis, Jaime Fernández et Zanon ainsi que d’autres militants du SBLE emprisonnés par la suite – l’Italien « Adolfo Carlini » (Domenico Sedran), le Danois Aage Kielso (qui parvint à s’évader), le Tchèque Víctor Ondik et Teodoro Sanz – furent détenus pendant un mois dans la prison clandestine du SIM au sous-sol de la place Berenguer, siège de la Brigade criminelle, soumis à toutes sortes de tortures par une équipe d’agents du SIM, dirigée par Julián Grimau : coups, simulacres d’exécution, cheveux arrachés à la racine avec des tenailles, plusieurs jours sans nourriture ni eau, au point d’être contraints de boire leur propre urine, etc.


Page du rapport d’enquête sur l’assassinat de Leon Narwicz.

Les détenus dormaient à la préfecture de police, rue Layetana, et étaient transférés quotidiennement dans une fourgonnette jusqu’à la place Berenguer, lieu des interrogatoires. Les deux endroits étaient distants d’une centaine de mètres.
Zanon qui avait été séparé du reste du groupe, fut le seul à dormir dans les locaux de la Brigade criminelle. Il s’effondra psychologiquement, absolument terrifié. Grimau fit signer à Zanon une « confession » accusant ses camarades de l’assassinat de Narwicz. Il se rétracta ensuite, dès qu’il intégra la prison Modelo de Barcelone.
Leon Narwicz, avant les journées de mai (2), s’était présenté comme un sympathisant de l’opposition russe, gagnant la confiance de Nin, Gorkin, Landau et Andrade (3). Avec son appareil photo, il avait fait le tour des différents locaux du POUM. Le groupe d’action du POUM qui avait tué le capitaine Narwicz était composé d’Albert Masó March et de Lluís Puig. Aucun d’eux ne fut arrêté. Avec la mort de cet agent polonais du SIM, le POUM voulait venger l’assassinat de Nin et le déchaînement répressif exercé contre ce parti depuis le 16 juin 1937. Les photos de Narwicz avaient joué un rôle irremplaçable dans l’identification et l’arrestation par la police des dirigeants et militants du POUM. Puig mourut de la tuberculose à la prison de la Santé à Paris en 1939. Masó fut un militant éminent de Socialisme ou Barbarie et, pendant la Transition (4), il participa à la tentative avortée de reconstruction du POUM. Munis, auteur d’ouvrages remarquables sur la théorie marxiste, fonda en 1958 avec le poète surréaliste Benjamin Péret un groupe révolutionnaire (Fomento Obrero Revolucionario) dans lequel milita également Jaime Fernández. Le tortionnaire Julián Grimau, militant du PCE, a été arrêté, interrogé, torturé, jugé, condamné et fusillé à Madrid en 1963. Le régime fasciste en a fait un martyr antifranquiste.
Tous ont un point de référence commun : l’assassinat de Leon Narwicz, agent de la police politique soviétique et du SIM, rue Legalidad, le 10 février 1938, il y a maintenant quatre-vingt-un ans.

Penser le « cas Narwicz »
Pourquoi le cas Narwicz est-il important ? Qu’apporte-t-il à l’historiographie et comment comprendre un assassinat commis il y a quatre-vingt-un ans ?
Le cas Narwicz est important car nous savons qu’il était un agent du NKVD avant mai 1937 et qu’à ce titre il a su gagner la confiance des dirigeants du POUM et obtenir des photographies de ses dirigeants, qui ont ensuite servi à leur identification et à leur détention. Nous savons que Leon Narwicz et Lothar Marx tentèrent d’infiltrer le SBLE. On sait que Léon Narwicz obtint un rendez-vous avec les militants du POUM, qui vivaient déjà dans la clandestinité, dans le but d’obtenir des preuves dans le procès en cours contre leurs dirigeants, et de démanteler l’organisation clandestine de ce parti. Ce rendez-vous lui fut fatal, car le POUM connaissait alors le rôle joué par Narwicz avant mai 1937. C’est pourquoi il fut exécuté par le commando avec qui il avait rendez-vous. Lorsque le chef du SIM de Barcelone identifia son cadavre, il certifia son appartenance au SIM et emporta des documents compromettants pouvant impliquer l’autre agent infiltré : Lothar Marx.
Par conséquent, le capitaine polonais des Brigades internationales Leon Narwicz est la preuve évidente qu’un agent du NKVD avant mai 1937 était en février 1938 un agent du SIM. Ce fait irréfutable, certifié par de la documentation, a certaines conséquences :
Premièrement : le SIM était la version espagnole du NKVD.
Deuxièmement : le NKVD et le SIM partageaient des agents et des informations.
Troisièmement : les deux certitudes précédentes nous permettent d’émettre l’hypothèse que le SIM était totalement subordonné au NKVD.

L’assassinat du capitaine Narwicz par un groupe d’action du POUM rompt avec l’image victimaire du POUM que ce parti a toujours voulu présenter, pas toujours sans raison. Et l’image émerge d’un POUM qui, parfois, a su répondre justement au harcèlement répressif des staliniens, car après tout le POUM était un parti marxiste et non une association pacifiste. Lluís Puig et Albert Masó formèrent le commando du POUM qui assassina le capitaine Leon Narwicz, pour se venger de la disparition de Nin, de la dissolution du POUM, de la persécution, de l’assassinat et/ou de l’arrestation de ses militants, et du procès de Moscou contre ses dirigeants.
Par ailleurs, le fait que ce soit Julián Grimau qui ait été chargé de l’interrogatoire et de la torture des personnes accusées du meurtre du capitaine Narwicz n’est pas un pur hasard, mais démontre l’intérêt des Soviétiques à venger l’assassinat de leur agent. Cet assassinat fut faussement attribué aux militants de la Section bolchevique-léniniste d’Espagne, car ainsi ils éliminaient ce groupe politique trotskiste. Grimau était à l’époque « l’œil de Moscou » à Barcelone. Un Grimau tortionnaire, comme le montrent clairement les procès-verbaux des interrogatoires signés par lui. Un Grimau tortionnaire, comme en témoignent les trotskistes qu’il a martyrisés, comme le raconte Domenico Sedran (« Adolfo Carlini ») dans ses Mémoires, comme le décrit Zanon, alors libéré de la peur des tortures, depuis la prison Modelo. Grimau, le tortionnaire torturé par la police franquiste, en 1963. Grimau, le tortionnaire fusillé par le régime fasciste de Franco, qui en a fait par là même un martyr antifranquiste. Grimau eut-il à choisir entre l’exclusion du parti et le martyre ? Curieusement, une personnalité politique de premier plan et un bureaucrate rusé du PCE, Santiago Carrillo, gagnait quelle que soit l’option. Paradoxes de l’histoire : l’arroseur arrosé.

(1) POUM : Parti ouvrier d’unification marxiste, né d’une scission du Parti communiste espagnol, anti-stalinien et par là même cible permanente des staliniens.

(2) Les journées de mai 1937 désignent, pour aller vite, les journées d’affrontements, en Catalogne, entre les staliniens du Parti communiste espagnol, d’un côté, et les anarchistes de la CNT-FAI et militants du POUM de l’autre.

(3) Tous dirigeants du POUM.

(4) On appelle Transition, ou Transition démocratique, la période située entre la fin du franquisme et l’établissement de la démocratie parlementaire en Espagne.

LA COLLABORATION STALINE HITLER

Depuis l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, la propagande et à sa suite l’historiographie soviétiques présentent le pacte germano-soviétique comme le fruit de la suprême habileté de Staline : devant le refus manifesté par la France et l’Angleterre de s’entendre avec l’Union soviétique contre le péril nazi, Staline aurait choisi de gagner du temps afin de mieux préparer son pays à l’inévitable guerre entre le fascisme et le progressisme et c’est grâce à ce sursis qu’il aurait ensuite gagné la guerre.

Le malheur c’est que toute la documentation (ouverture de nombreuses archives jusqu’alors restées secrètes, documents du Comintern, mémoires de multiples protagonistes soviétiques…), apparue à partir de 1989-1990, prouve que Staline a mené un double jeu de 1933 à 1939. Il a exploré à la fois la possibilité d’une alliance avec les démocraties occidentales et avec l’Allemagne nazie, qu’il a régulièrement sondée. Sa proposition de collaboration séduit immédiatement Hitler, qui l’accepte en août 1939. Cela lui permet d’annexer sans coup férir la moitié de la Pologne et les pays Baltes, d’attaquer la Finlande, de récupérer la Bessarabie et même d’envisager le ralliement de l’URSS au pacte tripartite des pays fascistes et la dissolution du Comintern, que Hitler n’a cessé de dénoncer. Jusqu’à la veille du déclenchement de Barbarossa, le 22 juin 1941, l’Allemagne a été inlassablement approvisionnée en matières premières soviétiques. La confiance absolue de Staline en la parole de Hitler et la désorganisation de l’armée suffisent à expliquer la sidération et l’impuissance qui se sont emparées de Staline et de l’Union soviétique. Fruit de longues recherches dans une documentation multilingue, cet ouvrage apporte une révision décisive du plus grand mensonge historique du XXe siècle.

Quelques pages de « la Russie sous Poutine »

Chap 6. UNE CRIMINALITE D’ETAT

« Ce n’est rien de grave, sinon j’aurais forcément été averti » déclare le ministre de la Défense Sergueï Ivanov, en déplacement à l’étranger, interrogé par le comité de mères de soldats. Il n’y avait effectivement rien de grave : il avait simplement fallu amputer des deux jambes le soldat Sytchev, membre du bataillon de ravitaillement de l’école de chars de Tcheliabinsk, ravagé par la gangrène après avoir été torturé par les « anciens » (les diedy ou grands-pères). Rien de grave bien sûr dans une armée qui perd bon an mal an 2000 à 3000 appelés, victimes de bizutages sauvages (la diedovchtchina), de mauvais traitements divers, de l’avidité du corps des officiers, qui les traitent comme des esclaves, et d’accidents dus à la négligence et à l’insouciance de l’encadrement. Ainsi le 14 juin 2005, le parquet militaire de la Russie indiquait que, en une semaine, 46 militaires avaient trouvé la mort (dont huit par suicide) sans participer à la moindre opération militaire et 22 avaient subi des mutilations. Anna Politovskaïa qualifiait en 2004 l’armée de « machine à bizuter, à mutiler et à tuer » ses propres soldats et comme « une zone de non-droit » où, de plus les officiers exploitent sans vergogne la force de travail de soldats en bonne santé. Rien n’a depuis lors vraiment changé.

Le mépris des hommes de troupe est un héritage de l’armée tsariste, où les officiers frappaient des soldats, et de l’armée soviétique de Staline, où l’on envoyait les vagues de fantassins à l’assaut, dans des conditions susceptibles de rendre jaloux les mânes du général Nivelle, le responsable du massacre du Chemin des Dames en 1917, et où les soldats capturés par l’ennemi étaient traités comme des traîtres.

Nombreuses sont les descriptions de l’armée russe qui recoupent en effet ce qu’en écrit Peter Pomerantsev en 2015 : « En fait de service, les appelés passent l’essentiel de leur temps à réparer et à repeindre les véhicules militaires que les officiers du camp revendent en douce (…). Ils sont avant tout de la main d’oeuvre gratuite. »

Certes, l’armée russe affiche une apparente bonne santé : une armée de terre de 380.000 hommes, une armée de l’air de 180.000, une marine de 130.000 et des troupes spéciales d’environ 75.000 hommes. Au total donc, environ 800.000 hommes sous les drapeaux, dont quelques 25% d’officiers et un budget en constante progression, qui prévoit de consacrer 23.000 milliards de roubles, de 2013 à 2020, pour moderniser et professionnaliser l’armée. Depuis 2008 les parades militaires du 4 novembre étalent sous les yeux des diplomates étrangers un défilé impressionnant de blindés et de missiles.

Mais l’envers du décor est moins reluisant. Depuis le célèbre ministre de la Défense Pavel Gratchev de l’époque d’Eltsine, les ministres qui se sont succédés n’ont guère brillé. Poutine y avait d’abord nommé, en 2001, son vieil ami de Saint-Pétersbourg Sergueï Ivanov. Ce diplômé de la faculté de philologie, passé par l’institut du KGB de Minsk, puis par l’école 101 de la Premier direction principale du KGB, a ensuite été envoyé exercé ses talents d’espion à Londres avant d’être rétrogradé en Finlande, puis, pis encore au Kenya, où selon l’universitaire Vladimir Inozemtsev, qui choisit sa photographie comme illustration de ce qu’il appelle « la dictature des médiocres« , son travail s’est traduit par une désorganisation générale du service de renseignements russe en Afrique de l’Est. Il accomplit ensuite une longue carrière d’officier supérieur comme premier directeur adjoint de l’une des directions du Service des renseignements de la Fédération (SVR), puis directeur adjoint du FSB, chef du département analyse, prévision et stratégie, et enfin secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération, avant d’être nommé le 28 mars 2001 ministre de la Défense, poste où il manifeste une incompétence notoire.

(…)

Le laisser-aller de la corruption règne de la caserne au sommet de l’Etat-major. En février 2012, le procureur militaire Sergueï Fridinski dénonce le caractère « astronomique » des pots-de-vin dans l’armée, qui atteignent une somme de 3 milliards de roubles.

Les arsenaux, mal entretenus, vieillissent. Le 2 juin 2008, un incendie ravage le dépôt de missiles sol-sol sur l’aérodrome militaire de Lodeïnoïe dans la région de Léningrad. Le 13 septembre 2009, une partie de la base des services de renseignements militaires à Tambov prend feu à son tour. Cinq militaires y trouvent la mort. Le 13 novembre 2009, à Oulianosk, le dépôt de munitions n° 31 de la flotte russe prend feu ; deux pompiers périssent, une soixantaine de maisons sont endommagées. Des soldats déchargent des obus intacts. Le 23 novembre, à la veille même de la visite du président Medvedev, plusieurs d’entre eux explosent et huit démineurs sont tués. Nicolaï Patrouchev, ancien chef du FSB, président du Conseil de sécurité, annonce pourtant une réorganisation militaire en 2010, et pour impressionner un adversaire potentiel, prévoit même l’utilisation de frappes nucléaires en cas de « conflit local » .

(…)

Chap 8 . GAZ ET PETROLE : LES DEUX ATOUTS INCERTAINS DE POUTINE

(…)

Le roman à rebondissements permanents avec l’Ukraine illustre l’ampleur du jeu politique que la Russie joue avec le gaz, utilisé comme moyen de pression, et les enjeux troubles qu’il recouvre ici et qu’un épisode éclaire. Lors d’une rencontre à Yalta avec le président ukrainien Koutchma en 2004, Poutine soutient la création de RosUkrEnergo, société douteuse qui sert d’intermédiaire dans les livraisons de gaz à l’Ukraine. Cette dernière achètera le gaz russe à 230 dollars, le mélangera à du gaz turkmène à 50 dollars et du gaz venant d’Ouzbékistan et du Kazakhstan à peu près au même prix et le revendra à l’Europe à bien meilleur tarif.

Cette société, fondée l’année précédente et enregistrée en Suisse, domine la vente de gaz en provenance d’Asie centrale. 50% appartient à la banque Gazprombank, une filiale de Gazprom, qui la rachètera par la suite ; l’autre moitié se trouve entre les mains de Centralgas, société enregistrée en Autriche, créées par la Raiffeisen Zentralbank pour représenter les intérêts de personnes privées russes et ukrainiennes, membres du fond autrichien Raiffen Investment, au titre duquel l’oligarque ukrainien Dmitri Firtach possède 40% des actifs. Elle est contrôlée par deux directeurs russes, nommés par Gazprom et par Centralgas. Elle succède à Eural Trans Gaz, déclarée l’année précédente dans un village de Hongrie par trois chômeurs roumains et un citoyen israëlien, Zel Gordon, avocat du mafieux Sergueï Moguilevitch, lié à l’oligarque Firtach. Ce Moguilevitch avait, dans les années 1996-1997, fait affaire avec le Premier ministre de l’époque, le mafieux Pavel Lazarenko, et sa collaboratrice très intime, Ioulia Timochenko. Sa société, Arbat International, inondait la Russie de contrefaçons de vodka Arbsolut et Raspoutine.

Avant que la bataille avec l’Ukraine ne commence vraiment, le 8 décembre 2005, dix jours avant les élections législatives en Allemagne, Gazprom et les compagnies allemandes BASF, et E.ON AG, en présence de Vladimir Poutine et de Gerhard Schröder, dont la carrière de chancelier en Allemagne s’achève, scellent l’accord créant la North European Gaz Pipeline Company. Gazprom dispose de 51% des actions, les compagnies BASF et EON de 15,5% chacune, GDF Suez et le néerlandais Gasunie de 9% chacun. Poutine nomme Matthias Warnig, ancien agent de la Stasi et directeur général (président des actionnaires) de Nord Stream. En 1991, il avait été le patron du bureau de Saint-Pétersbourg de la Dresdner Bank, ouvert, dès 1991, grâce à une licence octroyée par la mairie dont Poutine dirigeait alors le département des relations économiques internationales. En septembre 2011, Poutine le nommera président du conseil d’administration de Transneft, la société d’Etat russe qui contrôle l’ensemble des pipelines de Russie. Warnig siège aussi au conseil de Rosneft et de la banque d’Etat VTB. C’est un fidèle.

Pendant les premières années de la présidence de Poutine, Gazprom, profitant des recettes d’une exportation massive de gaz vers l’Europe, dépense, avec le soutien appuyé de l’Etat, désireux d’étendre son emprise sur l’économie, près de 14 milliards d’euros pour prendre des participations dans le pétrole, l’électricité et le bâtiment. Puis, à compter de 2005, il se concentre plus nettement sur le gaz.

Fin septembre 2005, au plus haut du boom du pétrole, Roman Abramovitch revend à Gazprom les 72% des actions qu’il détenait dans Sibneft pour 13 milliards de dollars, soit 130 fois plus cher qu’il ne les avait payées !

Gazprom, lui, renforce ses positions vers l’extérieur. En novembre 2005, Poutine, Silvio Berlusconi et Recep Erdogan assistent à Samsun, en Turquie, à l’inauguration officielle du gazoduc Blue Stream, qui peut transporter 16 milliards de mètres cubes de gaz par an. Le 19 juillet 2006, Poutine signe une loi sur les exportations de gaz naturel qui pose de manière aigüe la question de l’accès de Gazprom aux marchés européens de l’énergie, en plein processus d’ouverture à la concurrence. Peu après, la compagnie construit un grand site de stockage en Belgique.

En 2006, Gazprom, désireux de dépasser le statut de simple fournisseur de matières premières, décide d’acheter la compagnie de distribution gazière anglaise Centrica. L’Union européenne fait pression sur le gouvernement Blair pour qu’il empêche cette acquisition. Or, si une compagnie nationale achète 100 ou 200 dollars le mètre cube de gaz, les consommateurs en bout de chaîne le paient eux au moins 1000 dollars. C’est donc celui qui le conmmercialise et non celui qui extrait le gaz qui empoche la manne que l’Union européenne veut conserver, tout en menaçant de se tourner vers d’autres.

Moscou dépend alors de Kiev : le seul gazoduc desservant l’Europe traverse l’Ukraine, et la société Naftegaz Oukraïny, qui achète le gaz à Gazprom, prélève gratuitement ce dont elle a besoin sur le trajet mais paie rarement ses factures ; son endettement vis-à-vis de la Russie est colossal. Gazprom informe alors le gouvernement ukrainien de Ianoukovitch, que désormais leur gaz lui sera facturé un peu plus de 200 dollars les 1000 mètres cubes, contre 50 jusqu’alors. L’Ukraine menace de prélever 15% du gaz qui transite par son territoire. Le 1er janvier 2006, Gazprom interrompt la livraison à l’Ukraine. Les pays européens, privés de gaz, le menacent de procès pour rupture de contrat. Un accord est finalement signé le 4 janvier : l’Ukraine paiera finalement le gaz 95 dollars les 1000 mètres cubes.

(…)

Cronstadt 1921

Un livre utile sur la révolte de Cronstadt de mars 1921.

Jean-Jacques Marie

Il y a cent ans, le premier mars une insurrection éclate à Cronstadt, île dressée au milieu du golfe de la Baltique à une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Petrograd et en défend l’accès. Près de vingt sept mille hommes y sont entassés sur les navires immobilisés par les glaces et dans les forts. Après 17 jours la révolte sera écrasée par l’Armée rouge. C’est à cette révolte qu’est consacré le Cronstadt 21 publié par les Editions Les nuits rouges. Les éditeurs ont décidé d’offrir au lecteur un choix de textes de participants (Petritchenko le président du comité révolutionnaire des insurgés, Trotsky), de témoins (Berkman, Goldman, Serge), d’historiens divers aux points de vue divergents, etc., choix conclu par une postface d’eux intitulée : l’espoir raisonné d’un socialisme libertaire.
Au début de 1921, rappelons-le, la Russie soviétique, ruinée et épuisée par quatre années de guerre et trois années de guerre civile, est exsangue, sa monnaie est devenue virtuelle. La valeur du rouble a diminué de 20 000 % depuis 1917. A Petrograd 92 % du salaire des ouvriers est payé en nature. Les trains, bloqués par les insurrections de la Sibérie occidentale et de Tambov ne parviennent plus à Petrograd qui manque de combustible et de pain. Dans l’île de Cronstadt qui commande le golfe de Petrograd, les marins s’agitent, excités par les plaintes qu’ils reçoivent de leurs villages. Leurs parents protestent contre la réquisition de leur maigre bétail, de leur moisson et même parfois de leur linge de corps. Au cours de l’automne 1920, 40 % des communistes de la flotte de la Baltique ont rendu leur carte du parti.

Le Parti bolchevik est quasiment suspendu dans le vide entre une classe ouvrière épuisée, décimée, affamée, mécontente, une paysannerie révoltée, désireuse de pouvoir vendre librement les produits des terres que la révolution lui a données et les paysans soldats au chômage. La vague révolutionnaire qui a balayé l’Europe, a empêché l’intervention militaire des grandes puissances de le renverser. La révolution mondiale avortée l’a donc sauvé. Mais son assise intérieure se réduit de plus en plus.
Pour pallier le manque de pain, le 21 janvier, le gouvernement décide de réduire d’un tiers les rations alimentaires de Moscou , Petrograd, Ivanovo-Voznessensk, grand centre de l’industrie textile moribonde et de Cronstadt. La mesure exaspère les ouvriers, les matelots et les soldats affamés. Fin janvier, le soviet de Petrograd, confronté à la chute brutale des arrivages de ravitaillement, réduit certaines rations alimentaires et les normes de livraison de pain. Mécontents, les traminots, des ouvriers se mettent en grève le 9 février. Dans les unités de la garnison où les soldats manquent de bottes et de pain et mendient parfois dans les rues, la grogne se répand. La raréfaction brutale des matières premières et du combustible pousse le soviet de Petrograd à fermer le 11 février une centaine d’usines… Le 24, deux mille ouvriers manifestent à Petrograd. Le 24 février après-midi, Lénine déclare aux militants de Moscou : « Le mécontentement a pris un caractère général  » (1). Le pouvoir ne parvient pas à en endiguer l’extension. Le lendemain, Zinoviev déclare la loi martiale dans la ville. La nouvelle des troubles de Petrograd parvient à Cronstadt le 26. Des délégués de l’équipage de deux cuirassés ancrés dans l’île, le Petropavloovsk et le Sebastopol, descendent dans les usines en grève, en reviennent excités, et tiennent, le Ier mars un grand meeting sur la place de la Révolution… Après six heures de débats agités, l’assemblée adopte à la quasi unanimité des 15.000 marins et soldats présents une résolution qui réclame la réélection immédiate des soviets à bulletin secret, liberté de parole et de presse pour les anarchistes et les socialistes de gauche, la libération de tous les détenus politiques ouvriers et paysans, l’abolition de tous les organes politiques et détachements de choc dans l’armée et les usines, et des détachements de barrage, l’égalisation des rations alimentaires, la liberté totale d’exploitation du paysan et de l’artisan sans main d’oeuvre salariée. Cette vision d’une société de petits paysans et d’artisans libres se répand sous le slogan  « Les soviets sans communistes« , qui n’y figure pas, mais résume assez bien son contenu. Le 2 mars,les révoltés passent de la protestation à l’insurrection, en créant un Comité révolutionnaire provisoire, Zinoviev, affolé télégraphie à Lénine que les marins ont adopté une résolution « S-R -cents noirs », sans lui en communiquer le texte. Le lendemain un communiqué du gouvernement signé Lénine et Trotsky dénonce la résolution en reprenant cette formulation que Lénine abandonnera au congrès du parti bolchevik pour analyser le mouvement. Lors de la réunion du bureau de la fraction des Dix le soir du 13 mars il affirmera :  « Cronstadt : le danger vient de ce que leurs slogans ne sont pas socialistes-révolutionnaires, mais anarchistes ». (2)
Un appel aux insurgés lancé le 4 mars par le Comité de Défense de Petrograd présidé par Zinoviev menace de « canarder  » les insurgés  « comme des perdrix » mot souvent attribué à tort à Trotsky, qui, lui, le 5 mars, dans un ultimatun exige la soumission immédiate des mutins, que la double menace ne fait qu’irriter, et ordonne en même temps de préparer l’écrasement de la mutinerie. Les insurgés espèrent enflammer les ouvriers de Petrograd, dont la majorité, las de la guerre civile, et souvent hostiles à ces marins qui perçoivent une ration alimentaire double de la leur, ne bougent pas. Mais Cronstadt peut s’étendre au continent, transformer les révoltes paysannes éparses en insurrection généralisée et favoriser une intervention des puissances occidentales. D’ici la fin du mois les glaces qui enserrent l’île et ses navires vont fondre, l’infanterie ne pourra plus l’attaquer et l’île, contre laquelle les douze mille marins de Petrograd, plus ou moins solidaires de leurs camarades, sont inutilisables sera accessible aux bateaux étrangers, dont la marine de guerre anglaise. Le sort du régime est en jeu. Lénine va écraser la mutinerie en cédant partiellement ensuite à ses demandes.
Le 7 mars au soir, Toukhatchevski lance vingt mille hommes à l’assaut de la forteresse qui les repousse. Au congrès du Parti bolchevik qui s’ouvre le 8 mars à midi, sous cet auspice. Lénine déclare : A Cronstadt, « on ne veut ni les gardes blancs, ni notre pouvoir et il n’y en a pas d’autre » (3). Quelques canonnades et bombardements de tracts et de bombes inefficaces sur Cronstadt rythment les jours qui passent.
Le 15 mars, Lénine propose au congrès de remplacer la réquisition par un impôt en nature ne prélevant qu’une partie de la récolte, dont le paysan est libre de vendre le reste. Le peuple, dit-il, est épuisé, « la paysannerie ne veut plus continuer à vivre de la sorte(…) il faut accorder la liberté d’échange « sous peine de voir le pouvoir soviétique renversé », puisque la révolution mondiale tarde». (4)
Les insurgés de Cronstadt dénoncent dans leur journal les Izvestia de Cronstadt « le feld-maréchal Trotsky« , « le dictateur de la Russie communiste, violée par les communistes« , (…), « le Maliouta Skouratov Trotsky » (Maliouta Skouratov était le chef de la féroce garde prétorienne d’ Ivan le Terrible), le « sanguinaire feld-maréchal Trotsky, debout jusqu’à la ceinture dans le sang des travailleurs« , « le tigre Trotsky assoiffé de sang« . Un marin le compare à un vampire: « Trotsky avait encore envie de boire du sang ouvrier dont il n’était pas rassasié (…) Il a décidé de boire encore un verre du sang ouvrier et paysan. » Un appel du comité révolutionnaire exilé, prête « au gredin Trotsky » l’ordre imaginaire de « fusiller la population de Cronstadt âgée de plus de 10 ans« ( un peu plus tard il fera descendre la barre à  « plus de 6 ans« ).
L’assaut final de Cronstadt commence le 17 au matin, sur la glace crevassée par les obus au milieu d’une tempête de neige. Le soir, les dirigeants de l’insurrection, s’enfuient en Finlande avec près de 7000 insurgés, internés en Finlande dans des camps de concentration délabrés. L’assaut s’achève le 18 mars au matin après de farouches combats de rue à la baïonnette et à la grenade. Dans son Staline écrit en 1939-1940, Trotsky qualifiera l’écrasement de la révolte de « nécessité tragique« . 
Une remarque finale. Dans la page 146 de ce dossier consacré au sort des quinze membres du Comité révolutionnaire Provisoire les éditeurs, évoquant celui de Petritchenko, écrivent : « Il est réputé être entré en contact avec des membres de l’émigration tsariste, mais rien n’a été prouvé de façon certaine, et, en tout cas il n’y eut aucun lien organisationnel entre eux « . Le dernier membre de phrase est exact, mais la première partie est plus douteuse. Au début de juin 1921, Grimm , le représentant du général blanc Wrangel en Finlande, où se sont réfugiés de nombreux insurgés, transmet à son chef, installé à Bizerte sous la protection du gouvernement français, une lettre du 31 mai 1921 signée par Petritchenko et quatre autres anciens insurgés, qui proposent une alliance à Wrangel.

Les cinq signataires, soulignant que « des actions isolées ne permettent pas de renverser les communistes« , veulent, pour y parvenir, »s’unir avec tous les groupes anti-bolcheviks à des conditions« , fondées sur, « l’ expérience tirée de leur trois années de lutte contre le communisme« . Ils proposent un accord en six points dont certains inacceptables pour les Blancs : 1. La possession de la terre aux paysans doit être confirmée ; 2. La liberté des syndicats pour les ouvriers ; 3. La reconnaissance de l’autodétermination des états frontaliers ; 4. Ils insistent sur le slogan « tout le pouvoir aux soviets et non aux partis », qui « constitue une manoeuvre politique adéquate car elle suscite la scission dans les rangs des communistes et est populaire dans les masses« . Ils réclament la suppression des « épaulettes » d’officiers.
Pour séduire Wrangel, ils affirment : « le soulèvement de Cronstadt avait comme seule fin de renverser le parti bolchevik  » et insistent sur la portée du slogan « tout le pouvoir aux soviets et pas aux partis » dont « la signification politique est très importante, car il arrache aux communistes l’arme qu’ils utilisent habilement pour réaliser les idées communistes ». Ils concluent :  » après le renversement des communistes nous jugeons indispensable l’instauration d’une dictature militaire pour lutter contre l’anarchie possible et garantir au peuple la possibilité d’exprimer librement sa volonté dans le domaine de l’édification de l’Etat », garantie que les dictatures militaires offrent rarement. L’authenticité de cette lettre n’est guère contestable, à moins de voir en Grimm – sans le moindre début de preuve – un agent inconnu de la Tcheka déguisé en Blanc .
Ce volume, qui fournit de nombreux éléments de connaissance et d’analyse de l’insurrection, de ses causes, de ses buts et de son écrasement, oublie de signaler cette lettre qui, par le désarroi qu’elle reflète, confirme, à mon sens l’affirmation de Lénine pour qui il n’y avait pas de troisième voie entre les Rouges et les Blancs.
Mais, comme le rappelle la dernière réplique de Certains l’aiment chaud : « Nul n’est parfait « …

1. Lénine,O.C,t. 42,p. 349.

2. Lénine, Neysvestnye dokoumenty, op. cit,p. 420

3. Ibid, p .72

4. Lénine, O.C, t. 42 , pp 61-63.


Le président de la société militaire russe dirige la rédaction du nouveau manuel d’histoire pour les lycéens russes

https://sn.ria.ru/20230329/uchebnik-1861564545.html?in=t

Kravtsov : le travail sur un nouveau manuel d’histoire est presque terminé. Les travaux sur la création d’un nouveau manuel d’histoire pour les lycéens sous la direction de Vladimir Medinsky, président de la Société historique militaire russe (RVIO), sont sur le point d’être achevés, a déclaré le ministre de l’Éducation de la Fédération de Russie, Sergey Kravtsov. « Vladimir Rostislavovitch termine le travail sur un manuel d’histoire moderne pour les lycéens, qui comprendra une section sur l’opération militaire spéciale, ce manuel sera prêt d’ici le 1er septembre« , a-t-il déclaré aux journalistes. Kravtsov a également noté que Medinsky était également impliqué dans la création d’un nouveau manuel de sciences sociales. « Sur le plan des sciences sociales, nous élaborons un nouveau manuel qui va (…) révéler, entre autres, les réalisations dont nous sommes fiers, dont nos jeunes sont fiers, qui forment notre pays. Nous parlons de la multipolarité de monde, nous parlons de l’importance d’une économie souveraine, d’une culture souveraine, du système éducatif », a expliqué le chef du ministère de l’Éducation.

L’Union européenne et la protection des oligarques de Russie, et d’ailleurs.

Jean-Jacques Marie

Sous le titre Les oligarques aux abris Matti Kokkonen, le dirigeant de l’ONG Financial Transparency Coalition apporte une précision, qui ne surprendra que tous les naïfs partisans de l’Union européenne. Rappelant que les avoirs de nombreux oligarques russes ont été gelés dans les pays de l’Union européenne, mais que nombre de biens et d’avoirs de ces oligarques sont dissimulés derrière des prête-noms ou des sociétés-écran il souligne la protection récemment apportée par ces dernières aux dits oligarques :

« Un arrêt de la Cour de justice européenne rendu en novembre 2022 a invalidé l’accès public aux registres des bénéficiaires effectifs pour des raisons de confidentialité et de protection des données. Cette décision complique considérablement le suivi de ces actifs, qui nécessite désormais des demandes officielles, avec les retards habituels et cela même en cas de requête légitime(…)

 Au cours de l’année écoulée l’accent a été mis sur les mesures répressives pour cibler les fonds et les avoirs cachés des oligarques russes(…) Rien n’indique que cette approche inadéquate changera sitôt ».

La protection du secret qui entoure l’argent ainsi volé et pillé et les biens qu’il permet à ses détenteurs d’acheter (navires de plaisance luxueux, villas tout aussi luxueuses, jets privés…etc ), est d’autant plus importante que les oligarques peuvent déplacer leurs fonds vers des cieux un petit peu plus accueillants encore : « les oligarques sanctionnés, écrit Matti Kohonen, et pas  seulement des Russes  ont même réussi à renverser la vapeur ces derniers mois en contestant avec succès les mesures prises à leur encontre, tout en déplaçant leur richesse cachée vers des destinations comme Dubaï, où les contrôles sont rares, y alimentant ainsi un boom immobilier. »

Mais les oligarques russes appartiennent à la confrérie mondiale des grands patrons, capitalistes et autres exploiteurs, qui malgré la concurrence qui peut créer des rivalités entre eux, ont un intérêt commun. Aussi Matti Kohonnen peut-il conclure : « Les oligarques du monde entier continueront à jouir librement de leurs milliers de milliards de dollars de richesses illicites » pendant que, dans tous les pays du monde, la santé et l’école sont soumises à une entreprise de démolition, par les gouvernements à la botte du Capital.