Le 4 septembre 2001 le quotidien russe Rossiskaia Gazeta publiait une longue interview d’Alexandre Iakovlev qui fut membre du Bureau politique du PCUS sous Gorbatchev et l’un des initiateurs de la perestroïka, décédé depuis lors. L’interview commence en première page agrémentée par une caricature bien connue qui montre Staline et Hitler se faisant des grâces après la signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939. En dessous du dessin une légende. On y lit : « L’académicien Iakovlev : quel rapport ! Hitler a anéanti 10.000 de ses opposants, Staline environ 20 millions ». Dans le texte de l’interview Iakovlev répond à l’interpellation du journaliste : « Beaucoup de lecteurs s’indignent que vous compariez le fascisme et le communisme ». Il rétorque : « Comparons : de 1933 au début de la seconde guerre mondiale Hitler a anéanti 10.000 de ses opposants politiques. Staline environ 20 millions. Hitler est un charognard, mais quel rapport ! » Donc, d’après Iakovlev, Hitler serait un humaniste comparé à Staline…
Or le chiffre de 20 millions de victimes du stalinisme de 1929 à 1939:
a) est considérablement exagéré
b) comprend surtout les soviétiques victimes d’une politique catastrophique et surtout de la famine le petit (ou le grand) ukrainien, qui meurt de faim en 1933 n’est pas par cette mort transformé en opposant. La grande majorité des victimes de Staline n’étaient pas des opposants, même si Staline, afin de camoufler les échecs nombreux de sa politique économique en les attribuant à ceux qui en bas étaient chargés de la mettre en œuvre multipliait les accusations de « sabotage » contre ces derniers, en général pas plus opposants que les victimes de la famine.
Iakovlev manifeste une étrange sympathie pour Hitler. Le charognard est celui qui se repait de charogne, c’est-à-dire d’un animal mort … mais qu’il n’a pas lui-même tué. Son incarnation est le vautour. Dont chacun sait qu’il ne tue pas lui-même en général ceux dont il dévore les restes plus ou moins bien conservés. Enfin Iakovlev arrête le bilan des victimes d’Hitler à la veille de la guerre, ce qui lui permet d’escamoter l’extermination de près de 6 millions de juifs, de millions de Russes, de Polonais, de Biélorusses, d’Ukrainiens, de résistants et de partisans dans les pays occupés …, etc. Ce trafic grossier lui parait manifestement nécessaire pour conforter sa comparaison en faveur du dictateur nazi qui avait manifestement l’avantage pour ce dignitaire de la nomenklatura restaurationniste, à la différence de Staline, d’être un vigoureux partisan du capitalisme dont les plus éminents représentants en Allemagne avaient fini par lui apporter un soutien décisif, d’où la nécessité politique de le blanchir quelque peu en le réduisant au statut de « charognard ». L’appartenance à la nomenklatura mène décidément à tout .