La loyauté à tout prix. Les floués du « socialisme réel »

Sonia Combe

Le 01 février 2020, à 14 h 30, à l’ AGECA, 177, rue de Charonne, Paris, 20e,

métro : Alexandre Dumas (ligne 2) ou Charonne (ligne 9)

« Au cours d’entretiens menés dans les années 1980 sur la mémoire du nazisme dans la société est-allemande, écrit Sonia Combe, j’avais rencontré plusieurs personnalités retournées en Allemagne pour y construire un Etat socialiste. Elles ne cachaient pas leur désenchantement tout en maintenant leurs convictions. Elles n’avaient pas encore totalement perdu espoir, pas plus que la génération suivante, écrivains, artistes, dissidents auxquels, d’une manière ou d’une autre, elles avaient transmis leurs idées.   Les discussions étaient bien plus libres que je l’avais imaginé auparavant. À la réécoute de ces entretiens aujourd’hui, la prudence de mes propres questions m’étonne, tandis que leurs réponses étaient généralement directes. Certes, nous étions dans les années 1980, la dernière décennie de la RDA et, comme l’a rappelé l’écrivain Christoph Hein, cela faisait longtemps qu’on n’était plus envoyé en prison pour des propos critiques. C’est une erreur que commit, selon lui, le réalisateur de La vie des autres, en situant l’action de son film quelques années à peine avant la chute du Mur.   Toutefois, par loyauté vis à vis d’un régime dont ils approuvaient les buts, mais non le style et les méthodes, les marxistes est-allemands n’ont émis leurs critiques qu’au sein du Parti. Ils refusaient d’admettre l’évidence : que le Parti ne pouvait se réformer de l’intérieur. Ce comportement fut leur part d’irrationalité et leur faillite. »  

Historienne du contemporain, Sonia Combe est spécialiste des sociétés est-européennes sous le système soviétique, en particulier de la RDA. Elle est chercheure associée au Centre Marc Bloch, institut franco-allemand en sciences sociales.