LE CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE L’OPPOSITION DE GAUCHE EN URSS, conférence de Jean-Jacques Marie
Cette conférence organisée par Les Cahiers du mouvement ouvrier, le 2 mars 2024, à la librairie La Brèche (27 rue Taine, Paris, 12ème)
Staline au printemps 1940 déclare à Beria et au policier Soudoplatov chargé d’organiser l’assassinat du fondateur de la IVe Internationale : « Il faut en finir avec Trotsky dans l’année, avant le début de la guerre qui est inévitable(…). La tâche est urgente (…). Si on élimine Trotsky tout danger disparaîtra ».
Après l’échec d’une première tentative d’assassinat, du 24 mai 1940, il déclare à Soudoplatov : « L’élimination de Trotsky se traduira par l’effondrement total du mouvement [la Quatrième Internationale] et nous n’aurons plus besoin de dépenser de l’argent pour combattre les trotskystes et les empêcher de détruire le Comintern ou de nous détruire » … Est-ce paranoïa de Staline ou cette crainte repose-t-elle sur une réalité ? Elle reposait sur une réalité sociale incontestable, niée certes par l’écrasante majorité des historiens qui pendant longtemps ont ressassé les fadaises du genre des propos d’Hannah Arendt qui prétendait : « Les procès de Moscou n’auraient pas été possibles si les masses n’avaient pas soutenu Staline. » Staline, lui, savait fort bien que la masse du peuple, des ouvriers et des paysans, haïssait son régime, qui les maintenait aux bords de la misère voire de la faim, pendant que Staline et sa bureaucratie se gavaient. Malgré la terreur qu’il imposait avec son gigantesque appareil policier il craignait une explosion populaire, que la présence d’une direction révolutionnaire pouvait transformer en révolution. Le déchaînement de la répression à partir de 1936, la campagne internationale menée par les appareils des partis communistes valets du Kremlin contre les militants révolutionnaires, le massacre de tous les trotskystes soviétiques en 1938-39, tout ce déchaînement contre-révolutionnaire devait empêcher cette éventuelle explosion et être couronné par le démantèlement de la Quatrième Internationale et l’élimination de Trotsky.
Staline soulignait ainsi, à sa manière, toute l’importance du combat engagé en 1923 par Trotsky et ses camarades en proclamant l’opposition de gauche comme première étape d’un gigantesque combat dont l’assassinat de Trotsky a modifié les conditions. On ne saurait mieux souligner l’importance historique décisive de la proclamation en octobre 1923 de l’Opposition de gauche, souvent réduite par les historiens bourgeois à un prétendu duel personnel entre Staline et Trotsky. Son centenaire doit être l’occasion d’en rappeler la signification et la portée historiques et de répondre à la question : pourquoi cette opposition de gauche a-t-elle été battue ?
Lors de cette conférence seront mis en vente à 2 euros des numéros des Cahiers du mouvement ouvrier dans lesquels des articles sont consacrés au sujet.
L’Opposition de gauche dans Les cahiers du mouvement ouvrier.