Alain Cuenot, historien
Le 20 octobre 2018, salle du Maltais rouge
Dans le cadre de l’Union Sacrée, les intellectuels français s’engagent très majoritairement à servir la patrie et crient leur haine de l’Allemagne, de son impérialisme et même de sa civilisation. Seule une minorité de pacifistes et de révolutionnaires s’acharnent à défendre des sentiments internationalistes et antiguerriers.
Le pouvoir en place et l’État-major s’appliquent à réprimer sévèrement toute contestation de l’ordre militaire. Au nom de l’intérêt supérieur de la nation, la plupart des écrivains, des poètes et même des scientifiques se transforment en agents zélés d’un chauvinisme sanguinaire. Cependant l’horreur des combats, la souffrance intolérable des soldats, leurs témoignages douloureux, la crise de 1917, la Révolution russe, conduisent certains auteurs à s’interroger sur le sens de leur engagement et à rejoindre progressivement le camp des défenseurs de la paix.
La signature de l’armistice voit surgir, en pleine ivresse d’une victoire saluée par les conservateurs comme la preuve de la justesse de leur combat patriotique, des cris de révolte et de rejet du pouvoir en place et de l’impérialisme.
Pacifisme, antimilitarisme, internationalisme, engagement révolutionnaire, se conjuguent pour travailler à la construction d’un monde nouveau au sein du mouvement intellectuel français et européen. Prônant avec conviction le bannissement de toute forme de culture de guerre, un certain nombre d’intellectuels s’en prennent aux institutions culturelles et revendiquent avec force une refonte totale du langage littéraire et artistique rejoignant le radicalisme des dadaïstes et des surréalistes au cours des années vingt.
Nous nous efforcerons d’analyser en profondeur toutes les formes d’engagement et de luttes soutenues par les intellectuels français au cours de ces années terribles.