Si les « spécialistes » universitaires s’y mettent

Jean-Jacques Marie

Le Monde Histoire a publié, en janvier, un numéro consacré en partie à la révolution russe dont la couverture s’orne d’un célèbre tableau soviétique représentant Lénine.

Le dossier s’ouvre par un article de Sophie Cœuré, professeur à Paris-VII et auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’URSS.

Page 35, première surprise : dans la chronologie, on lit : « 24-25 octobre : un coup d’Etat fait tomber le gouvernement provisoire. C’est la révolution d’Octobre. Puis 7-8 novembre : le IIe Congrès vote les pouvoirs aux soviets. Un gouverne­ment bolchevik se met en place. »

Surprenant, n’est-ce pas… Nombreux sont encore ceux qui savent que les deux événements se déroulent en même temps et que le 24-25 octobre indique la date de ces deux événements conjoints dans le calendrier julien ou vieux-style, en retard de treize jours sur le calendrier grégorien utilisé dans le reste de l’Europe, et que les 7-8 novembre indiquent la même date dans le calendrier grégorien.

On se dit que l’erreur – énorme – ne peut venir d’une universitaire considé­rée comme une spécialiste de l’URSS et provient sans doute de l’incompréhension d‘un jeune stagiaire.

Las ! Dans le texte de Sophie Cœuré, page 41, on retrouve la même erreur monumentale :

« Préparé par le Comité militaire révolutionnaire de Petrograd, associant les bolcheviks et les S-R de gauche, le coup d’Etat des 24 et 25 octobre révèle l’impuissance du pouvoir en place […]. Le IIe Congrès [de quoi d’ailleurs ? L’au­teur ne nous le dit pas – nda] s’ouvre dans la nuit du 7 au 8 novembre. Mencheviks et S-R se retirent, renvoyés par Trotsky aux poubelles de l ’histoire. »

On savait que l’enseignement de la révolution russe était malmené dans les programmes et les manuels d’histoire des lycées et collèges… Mais si les « spécia­listes » universitaires s’y mettent eux aus­si, l’avenir est sombre.