Jean-Jacques Marie
Guy Debord avait fondé dans les années 1960 une Internationale situationniste dont il était le grand penseur. Auteur, entre autres, de La Société du spectacle, il n’avait pas de mots assez durs pour le mouvement ouvrier. Dans Le Monde diplomatique (août 2006), un auteur du nom de Guy Scarpetta soulignait «la prodigieuse cohérence de sa pensée qui, parce qu’elle n’a jamais renié sa dimension révolutionnaire, offre les meilleures clés pour comprendre notre temps ».
Précisons que qui feuilletterait les deux mille et quelques pages des œuvres de Guy Debord serait bien en peine d’y trouver une explication de la crise qui secoue le monde et en particulier l’Europe depuis 2 006. Une information publiée dans Le Nouvel Observateur ( n°2508, 8 novembre 2012), en page 14 attire l’attention du lecteur sur la valeur des idées de Guy Debord. On y lit « Jusqu’alors les archives des grands penseurs étaient données. C ‘est le cas des archives de Claude Lévi-Strauss, Roland Barthes ou Jacques Derrida. La veuve de Guy Debord est la première à avoir vendu les fonds de son mari : en 2 010, pour contrer une offre de Yale et garder en France les cartons du pape des Situs, la BNF avait déboursé 2,7 millions d’euros ». Certes, feu Guy Debord n’est pas responsable de la décision de sa veuve … Mais que l’œuvre du dénonciateur de la « société du spectacle » acquière une telle valeur marchande pousse néanmoins à réfléchir sur la fonction réelle qu’on voudrait lui faire remplir dans la société d’aujourd’hui, même si en réalité tout le monde se fout du pseudo-révolutionnarisme de Guy Debord.
Vanitas Vanitatum