Stéphane Encel : « la biographie d’un personnage qui n’a probablement pas existé … »

Jean-Jacques Marie

La biographie détaillée d’un personnage à l’existence incertaine ce n’est pas moi qui le dis, c’est son biographe, Stéphane Encel, auteur d’un ouvrage sur le héros biblique Josué et qui s’interroge : «Comment écrire la biographie d’un personnage qui n’a probablement pas existé ou qui reste au moins insaisissable pour l’historien et l’archéologue ? » (p. 24). L’avant-propos commence d’ailleurs par ces lignes apparemment inquiètes : « Josué a-t-il seulement existé ? » (p. 11). Peu importe, nous dit l’auteur, car « successeur de Moïse, conquérant désigné par Dieu, d’une conquête difficilement acceptable moralement, qu’il fallait pourtant mener à bien pour que sur cette terre le peuple choisi par YHWH puisse réaliser les commandements de la Torah » (Ibid.).

YHWH ? En note, Stephane Encel précise qu’il choisit comme « vocable pour désigner le dieu d’Israël celui du tétragramme non vocalisé : YHWH, qui apparaît plus de 7 000 fois dans la Bible hébraïque. Il en existe bien d’autres mais c’est celui qui constitue, jusqu’aujourd’hui, l’essence de la divinité des juifs, dans le rapport sacralisé et transcendant que le fidèle entretient avec elle »(Ibid.). Prier YHWH ne doit pas être très simple pourtant.

Deux pages plus tard, l’auteur règle le problème avec une sainte simplicité : « Josué ne peut exister » pour l’historien mais « sur-existe pour les croyants, pratiquants fervents ou non (…). En l’absence de preuves, de traces, d’indices extrabibliques, Josué est immatériel, impalpable pour l’œil de scientifiques cherchant la réalité de ce qui s’est réellement passé » (p. 13).

Il y a tout aussi surprenant. Encel ajoute en effet un peu plus loin : « Contemplant par humanisme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dans sa représentation d’origine, le fervent républicain laïc y retrouvera en fond les Tables de la Loi » (p. 15). la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 … venue de la Torah ! Voilà un fait pour le coup, vraiment « immatériel, impalpable pour l’œil de scientifiques cherchant la réalité de ce qui s’est réellement passé ».

J’ai arrêté là le récit de l’existence immatérielle et impalpable de celui qui s’appelait d’abord, paraît-il, Hochea, cet homme qui avait arrêté un jour le soleil dans sa course avant de renverser les murailles de Jéricho en faisant jouer de la trompette par ses troupes (mode de combat qui, il est vrai, n’exige pas d’importants crédits militaires).