Jean-Jacques Marie
Apparemment, il n’y a aucune raison de parler de Guy Debord dans les Cahiers du mouvement ouvrier, car ce personnage n’a rien à voir avec le mouvement ouvrier et il n’a jamais lui-même affirmé avoir avec lui le moindre rapport.
Un petit hic, néanmoins. Une véritable campagne promotionnelle engagée aujourd’hui vise à le présenter comme une incarnation, voire l’incarnation de la révolte. Ainsi, le supplément «Culture et Idées» du Monde daté du 23 mars 2013 le présente en première page en s’interrogeant : « Que reste-t-il de la pensée de cet intellectuel révolté ? » La révolte est-elle un placement financier ? L’article de Raphaëlle Rérolle rappelle que la BNF a acheté le fonds Debord « en 2011 à la veuve de Guy Debord, pour la somme astronomique de 2,7 millions d’euros ». Voilà qui manifeste un sens aigu de l’usage raisonné de la révolte.
On apprend à sa lecture que « Debord offre une reformulation de la théorie marxiste à l’âge des médias ». Diable ! La journaliste conclut son long article en affirmant : « Même classique, sa pensée n’a pas perdu ses vertus corrosives. Un bâton de dynamite en somme, qui continue de faire peur, de séduire et de fasciner bien après que son auteur a cessé de le brandir ».