L’ « internationale » ? situâtionniste

Jean-Jacques Marie

Ses thuriféraires exaltent l’internationale situationniste qu’il avait créée en 1957. L’un de ces thuriféraires, Gilbert Lascaut, dans la Quinzaine littéraire datée des 16-30 avril 2013, fait de cette prétendue internationale (dite IS) la des­cription suivante : « Pendant l’entière durée de son existence, l’IS a compté moins d’une centaine de personnes » (en quinze ans, puisqu’elle est morte en 1972). Mais Guy Debord a affirmé, selon Gilbert Lascaut, que cinquante-neuf d’entre eux « n’ont rigoureusement rien apporté, mais ont pourtant été utiles à quelques moments » … On se demande en quoi, puisqu’ils n’ont « rigoureusement rien apporté ».

Gilbert Lascaut continue : « L’IS n’a jamais réuni plus d’une quinzaine d’individus à la fois ». Ce qui ne l’empêche pas de parler d’«organisation» et d’écrire sans rire : « Les contours de l’organisation et sa composition n’ont cessé de se renouveler ». Et l’auteur ajoute, enthousiaste : « Il se révèle, à chaque moment, un théoricien inventif, un chef de guerre, un poète, un cinéaste, un archiviste soigneux, un directeur rigoureux de revue, un maquettiste, un rebelle permanent, un “enragé. Sans aucun doute, il est le fondateur de l’IS, un animateur tenace et coriace du groupe, un acteur prédominant. A juste titre, le philosophe Giorgio Agamben le définit, d’abord, comme un stratège.»

Et avec tous ces talents, ce « chef de guerre » et « stratège » n’a jamais réuni plus de quinze individus à la fois, dont plus de la moitié n’ont,on l’a vu, rien apporté. Un vrai génie, ce Debord, qui gardait le double des lettres qu’il adressait aux autres pour des archives dont on a vu qu’elles ont rapporté gros à sa veuve.