Les Cahiers du mouvement ouvrier, site destiné à étudier certaines pages de l’histoire du mouvement ouvrier n’ont évidemment pas vocation à parler de la guerre en Ukraine. En revanche il a, dans ce cadre, vocation à se pencher sur la réalité historique de l’Ukraine de l’apparition de son sentiment national, de ses aspirations longtemps bafouées à exprimer ce sentiment par l’autonomie ou l’indépendance niée par le régime tsariste qui la qualifiait aimablement, de « petite Russie » et interdisait l’enseignement et la pratique de la langue ukrainienne, puis par le régime stalinien qui appliqua la même politique réactionnaire.
Nous publions deux textes de nature et de portée différentes :
– un rappel historique des conditions difficiles dans lesquelles se sont formées l’idée nationale ukrainienne et la revendication de l’indépendance de l’Ukraine.
-un article sur la Question ukrainienne rédigé par Trotsky le 22 avril 1939, publié pages 124-132 du tome 21 des Œuvres édité par l’Institut Léon Trotsky. Il s’y prononçait pour l’indépendance de l’Ukraine.
L’ article qui est ici reproduit a alors suscité une polémique qui a amené Trotsky à répondre dans deux articles L’indépendance de l’Ukraine et les brouillons sectaires (pages 328-340) du même volume et Les Féodalistes démocrates et l’indépendance de l’Ukraine ( pages 363-365).
Dans le premier article il souligne : « Le droit à l’autodétermination nationale est bien entendu un principe démocratique et pas socialiste. Mais les principes authentiquement démocratiques ne sont soutenus et réalisés à notre époque que par le prolétariat révolutionnaire ; c’est pour cette raison même qu’ils sont aussi étroitement entrelacés avec les tâches socialistes » (p 328).
Dans ce second article il résume les critiques formulées par le journal de Kerensky; l’ancien chef du gouvernement provisoire bourgeois de 1917, Novaia Rossia, en une phrase : « Ce journal ne décolère pas à propos du fait que j’ai pris position sans réserves pour le soutien du peuple ukrainien dans sa lutte pour l’indépendance en tant qu’Etat.» Et il résume la position de ces démocrates bourgeois qualifiés par lui de féodaux chauvins qui dénoncent l’atteinte portée aux frontières de l’URSS en cas d’indépendance de l’Ukraine par la formule suivante : « En gros c’est une nation de second ordre dans la mesure où le destin de l’Ukraine doit être déterminé par les intérêts de la Russie, c’est-à-dire de la majorité Grand-Russe.»
Certes depuis lors la chute et la dislocation de l’URSS provoquées par la nomenklatura restée à la tête de l’Ukraine d’aujourd’hui et étroitement soumise à l’impérialisme ont changé les conditions politiques dans lesquelles cette revendication, toujours actuelle, peut se réaliser.
LA QUESTION UKRAINIENNE Trotsky
L’UKRAINE HIER ET AUJOURD’HUI Jean-Jacques Marie
L’UKRAINE HIER ET AUJOURD’HUI (suite)
ARTICLES ET DOCUMENTS PARUS DANS LES CMO SUR L’HISTOIRE DE L’UKRAINE