Vous avez dit “ironie cinglante” ?

Le Nouvel Observateur (13-19 no­vembre 2014) publie un dossier intitulé « Hollande-Valls, ça va mal finir».

A priori, rien de bien intéressant. Mais on y trouve quel­ques phrases où l’on pourrait voir une pa­rodie si le ton de l’article ne montrait bien que l’on nage là dans le plus grand sérieux, au moins apparent. L’auteur de l’article, Serge Raffy, évoque la remise de l’ordre national du mérite par Hollande à Valls, le 22 octobre 2014, jour et cérémonie également mémorables dans la vie politique française.                                

Et il écrit : « L’accolade fut chaleureuse, quasi fraternelle. Et puis, au détour d’une phrase, le venin. La pique qui tue ».

Diable. « La pique qui tue » ! On s’at­tend à trouver une formule assassine …

Raffy poursuit : « François Hollande évoque le maître à penser (?) de Manuel Valls, Georges Clémenceau, grand homme qui n’accéda jamais aux plus hautes fonctions, en concluant sur un ton jovial et débonnaire : « On peut réussir sa vie sans être président de la République ». Manuel Valls qui connaît l’ironie cinglante du locataire de l’Elysée sait que François Hollande a cherché à faire mal. Très mal. Il serre les dents. Encaisse sans broncher. Il a vu le mouvement du bras du président, raide et nerveux, collé au corps, le doigt tendu vers lui comme une épée ».

 Si un élève de collège ou de lycée donnait comme exemple d’ironie cin­glante cette phrase aussi banale que plate : « On peut réussir sa vie sans être président de la République », il est infiniment probable que son professeur l’inviterait à vérifier dans le dictionnaire le sens des mots « ironie » et « cinglant ».

Il est vrai que le même numéro du même hebdomadaire cite, dans sa rubrique Les mots, une autre phrase de Hollande qui mérite de passer à l’histoire mais ne semble pas relever, elle, de l’iro­nie cinglante :« On me reproche même de manger des frites »  (le 6 novembre sur TF1).